Je soumets ces chroniques à la bienveillante attention de mes sœur et frères d'arme.
Je n'aurai aucune photo d'action à vous montrer, hélas, car bien sûr je ne pouvais pas à la fois participer aux entraînements et les photographier. Peut-être une ou deux vidéos des démos, mais il faudrait que je demande moult autorisations donc ce sera peut-être plus simple de vous laisser imaginer la chose. Ou de taper « vo viet nam » dans un moteur de recherche de vidéos.
Dimanche 26 juillet
Fin de matinée : je rejoins mon frère d'arme Marchand de Rêves (*), qui va nous conduire en Dordogne. On part d'Issy-les-Moulineaux, où est notre école.
En route, je tente de communiquer avec le GPS de mon camarade. Bilan : cette machine n'est pas assez évoluée pour communiquer avec moi. J'ai beau lui susurrer, puis lui intimer, puis lui hurler mes directives : que tchi. Le bidule persiste à nous visualiser sur une route où ne sommes pas. Il nous réinvente un destin, quoi. Merci, mais non merci. En plus, le biniou s'est déchargé. Ridicule. Rien ne vaut une bonne cartouze : jamais de panne, et on a tout sous les yeux. Oui, on n'est que le matin et je suis déjà en mode vieux bougon. Mais pas tant que ça : il fait beau et on va au stage. Wéééééy !
On s'arrête ?
Pas besoin de me le dire deux fois. ... Hé, j'l'ai déjà dit !
Fin d'aprèm : arrivée au camp. C'est un camping municipal, dans un riant environnement : collines verdoyantes, et la Dordogne qui coule tout le long du camping. Ce dernier est sans confort (j'en re-causerai), mais de toute façon on est là pour en chier alors le confort on s'en bat les glaouis. Pour commencer.
Changement de rythme(s), donc. C'est bien.
La plupart des participants et accompagnants sont déjà arrivés : moult tentes fleurissent la grande parcelle qui nous est allouée. Nous plantons nos tentes. Toujours aussi doué de mes dix doigts, je mets trois heures quarante cinq pour monter la mienne.
Hey, vachement plus rapide que l'an dernier ! :)
Voilà le topo : nous sommes une douzaine d'élèves de l'Ecole Française de võ dân tôc, plus une centaine d'élèves de diverses écoles de võ viêt nam (certaines venant d'aussi loin que la Suisse). Le võ dân tôc vient en droite ligne du vo viet nam, donc on peut bosser ensemble sans problème. Ce sont les gens du vo viet nam qui dirigent tout, parce qu'ils fournissent cadre administratif et professeurs ; nous sommes venus sans prof. Donc on s'intègre du mieux qu'on peut. Facilement, en fait, car les gens du vo viet nam sont très accueillants et nous, follement sympathiques (j'en re-causerai). Nous avons notre propre tonnelle, ceci dit, ce qui est la grosse classe. Ajoutez à cela que nous avons parmi nous deux cuisiniers qualifiés (dont un semi-pro) et la nourriture qui va avec, et vous comprendrez que nous faisons figure d'aristocrates. Notre classe innée nous permet de tenir ce rôle avec élégance et naturel, sans écraser les autres de notre superbe.
(...)
Le soir arrive vite, sous les tropiques. Dîner savoureux, comme toujours quand Moine sans Peur et Louve aux Aguets sont aux fourneaux.
Ici, la nuit, on a la voie lactée. J'adooore. Je pourrais rester longtemps, debout le visage levé vers le ciel, oscillant doucement dans la brise tel un roseau enchanté.
Il est pas beau, mon petit cheval blanc ?
… Mais Tonton a mal a sa nuque.
Et puis c'est l'heure de la réunion des sages, où j'ai l'honneur et la chance d'être accepté. La réunion des sages, appelée autrement entre nous, est une sorte de club de philosophie tardive. Un club des haschischins, quoi. On y cause entre hommes, de tout et de rien, mais surtout de tout. Quand des gens du vo viet nam nous abordent (il y a pas mal de noctambules aussi, chez eux), on passe à des sujets plus faciles. Rapport à la volonté de s'intégrer dont je vous parlais tout à l'heure. Hé, hé.
J'aimerais pouvoir vous faire ressentir toute la quiétude, l'intensité et la fraternité qui imprègnent nos réunions sous les étoiles, mais je n'écris pas assez bien. Tant pis.
… Allez hop, au dodo. Demain ça va charcler.
(*) quand on a fait jusqu'au bout son premier stage d'été, sans abandonner même si on s'est fait bobo à le mollet, et qu'on est donc considéré comme un pratiquant sérieux, on reçoit un nom de guerre. Ce nom, décerné par notre prof (assisté parfois de quelques anciens), n'est pas négociable. Il est le résultat d'observations discrètes menées tout au long du stage, et sous des dehors fantaisistes décrit une facette du pratiquant jugée... proéminente. On garde son nom de guerre toute sa vie, sauf si un changement de comportement et∕ou de personnalité amène les anciens à trouver un nouveau nom. J'ai été bien surpris le jour où on m'a donné le mien.
Au vo viet nam ils ne font pas ça, c'est une tradition à nous.
Il y a 3 jours