Voici un texte rédigé hier aprèm.
« Tout à l'heure, pour rentrer à Paris, Tonton a pris le TGV. En fait, il y est au moment où il vous écrit ces lignes.
Dans le compartiment, il y a des enfants. De très jeunes enfants. Trois groupes en tout. Mais le premier ne compte pas car c 'est une maman avec une petite fille sage.
Enfin, si, il compte si on veut car il rachète un peu les autres. Ça donne un « échantillon » un peu plus encourageant.
Le deuxième groupe est constitué d'une jeune maman et de trois enfants en bas âge. Donc par moments il crient un peu, mais se calment vite. Situation normale.
Le troisième « groupe », constitué d'une maman et d'un petit garçon (maman probablement jeune mais l'air fatigué, aux plis de la bouche vachement durcis), est assis juste devant moi et ma voisine, une vieille dame qui, comme Tonton, aurait bien aimé dormir un peu.
Parfois j'ai du bol, en train. Parfois pas. Je pense que ce trajet-ci me donne du crédit pour un bon moment. Si je n'ai pas Vanessa Paradis ou Clint Eastwood comme voisin(e) de voyage la prochaine fois, c'est qu'il y aura eu un dysfonctionnement du système. Indépendant de notre volonté, ça va de soi.
Je ne sais pas donner d'âge aux enfants. Celui-ci, tout en étant petit, est assez âgé pour parler de façon complètement cohérente. Donc quoi : six ans ?
Bref, on s'en fout. Ce qui fait que je suis en train de vous taper ceci au lieu de roupiller ou de bouquiner, c'est le comportement de cet enfant.
Dès le départ il a fait un caprice pour se rasseoir à la place qu'il occupait pendant le tronçon Montpellier-Nîmes. La personne à qui ce siège était destiné, voyant le caprice, a cédé la place à la maman. J'ai dit à ma voisine, en m'installant : « On va bien rigoler. » ironique. Elle a eu un petit rire. Ce fut le dernier du trajet.
Ce n'est pas qu'il saute dans tous les coins ou pousse des hurlements. Pas du tout. Mais il parle. Sans cesse ou presque, et fort. Et jamais pour dire un truc gentil à sa mère. Il est toujours contre tout ce qu'elle dit, il dit non à tout. Il ne veut ni se taire, ni s'assoir. Il prend des initiatives, il refuse d'obéir. Il dit à sa voisine que c'est normal de vouloir dormir (tout ça en chantant bien fort, hein), mais qu'il faudrait peut-être penser à fermer la fenêtre.
Une phrase choisie : « Puisque c'est ça, je vais freiner. ». C'est la seule phrase un peu rigolote qu'il ait sortie. Sinon c'est plutôt :
« On peut aller dans un autre wagon ? [pour de bon, pas pour se promener]
-Pourquoi ?
- Parce que j'en ai envie. »
Mais c'est surtout "pas envie" qui revient souvent.
Ah, ça y est, il vient de se lever pour la 65e fois mais cette fois j'ai osé le regarder, donc je peux vous dire qu'il fait environ un mètre de haut, ou guère moins. Je n'avais pas voulu le regarder jusqu'à présent car j'étais un tantinet énervé (mais écrire me calme), alors j'avais peur d'avoir un mouvement incontrôlé. Un revers dans la glotte est si vite arrivé.
À vrai dire, vers le début du voyage j'ai failli proposer mes services de croquemitaine à la maman. Mais j'ai cru remarquer que les gens prennent pour de l'ingérence invasive les simples propositions d'aide, donc je suis resté silencieux. On aurait pourtant eu un voyage beaucoup plus paisible. Mais je connais mes limites en self-défense, et mettre en colère une maman déjà sur les nerfs... Non.
Ce genre de petit garçon, j'en ai vu pas mal ces dernières années. Est-ce que je ne les remarquais pas avant, ou bien est-ce qu'il y en a plus qu'avant ? Si oui, c'est inquiétant. Je viens d'apprendre qu'une dame, dans mon entourage (pas trop) proche, est battue par son fils. Un mec que je n'ai pas vu depuis environ 15 ans, mais qui était tout gentil quand il était gosse. Puis, il n'a plus eu de père. Et voilà ce que j'entends dire quinze ans après. Ça plus mes trois mamans seules du train... vous me voyez venir. J'espère que ces trois mamans ne sont seules que le temps du trajet, car apparemment l'absence de père produit des déséquilibres.
Tiens, le petit monstre a fait pleurer un plus petit. Et maintenant il passe et repasse à côté de moi, à quatre pattes dans la travée, pour faire genre « Mais non, ça peut pas être moi. Regardez, je suis un gentil petit garçon qui joue tranquillement tout seul ». Pourriture d'escroc, va.
Oh, ça s'anime. Juste à l'instant il vient de poser son pied contre ma cuisse, car maintenant la travée est une rivière imaginaire ; donc il la suit en mettant ses pieds de chaque côté, si vous voyez ce que je veux dire. Je viens de le rembarrer (et de pousser sa jambe car merde, mon jean est propre de ce matin), et du coup le voilà stupéfait. Quel idiot, j'ai attiré son attention.
Mais il est plus intrigué qu'autre chose, apparemment. Sa mère vient de lui demander ce qui n'allait pas. Il a répondu : rien. Il me fixe comme on fixe un truc qu'on n'a jamais vu avant. Et qui mérite une enquête, peut-être.
Je ne sais pas quoi faire s'il m'adresse la parole. Jusqu'où aller dans le « Je ne te connais pas mais je t'explique la vie, mon petit. » ? Je vais éteindre l'ordi et aller aux toilettes, histoire de faire diversion.
(…)
Question : pourquoi les vieilles ne peuvent pas se retenir de toucher les petits enfants ? Est-ce une nostalgie ?
Question n°2 : est-ce qu'on doit se préparer à une génération de jeunes sauvages, ou est-ce que la façon dont on élève les enfants ne change pas grand-chose et qu'ils deviendront plus ou moins civils une fois adultes ?
Il y a 1 jour
Sur 5 gosses, il y en avait 4 de bien élevés: c'est pas mal, et je pense que ces mères-là s'en sont donc bien sorties (seules ou pas).
RépondreSupprimerHors sujet mais merci !
RépondreSupprimerEt puis tu as raison : 4 sur 5 c'est bien.
Vasectomie? tu y as pensé?tu devrais en effet j'ai peur que tous les gosses soient les mêmes: vivants! donc remuant et braillant !
RépondreSupprimereuh, je suis pas tout à fait d'accord, lithium. il y a les enfants bien élevés et les mal élevés. et d'après ce que me disent mes amis enseignants, il y aurait de plus en plus de parents qui comptent sur les instits pour éduquer leurs petits. ça craint.
RépondreSupprimerOuaip. C'est là qu'est mon inquiétude, aussi.
RépondreSupprimerLithium, laisse mes canaux déférents (*) tranquilles ! J'ai toujours su que tu étais une méchante castratrice. :)
(*) Les miens ne le sont sûrement pas, en plus.